PRÉSENTATION & PHILOSOPHIE
En quelques mots, qui es-tu ?
Lucie Trimolet, j’ai 28 ans. Originaire de l'agglomération Clermontoise, j’ai commencé l’équitation à l’âge de 8 ans au Centre Hippique du Val d’Orcet. J’ai été cavalière d'équitation classique, de western et de voltige cosaque durant mon adolescence. Je suis propriétaire d’une jument, Umla de Badefort, depuis l’âge de mes 14 ans. Je l’ai eu pouliche et c’est grâce à elle que j’ai commencé à me renseigner sur l’éducation et l’équitation plus en profondeur. De fil en aiguille j’ai choisi d’en faire mon métier en 2017. Aujourd’hui je suis enseignante d’équitation et comportementaliste équin.
Comment définirais-tu ton métier ?
En premier lieu, je suis comportementaliste équin. Cela signifie que je suis spécialisée dans le comportement du cheval, sa cognition, ses apprentissages et ses émotions. Mon rôle est de rétablir (en rééducation) ou établir directement (en éducation initiale) la communication et le langage entre l’humain et le cheval. Ensuite, je suis également enseignante, car toutes ces connaissances n’ont quasiment aucune valeur si elles ne sont pas transmises au propriétaire. J’ai à cœur d’apporter avec pédagogie tous les conseils de savoir-faire et de savoir-être dont le couple cavalier/cheval aura besoin dans son parcours. Je me vois plus comme une vulgarisatrice de savoirs qu’une technicienne, et mon but est d'amener le cheval, comme le propriétaire, à la meilleure version d'eux mêmes !
Je me décris souvent comme un couteau suisse, celle à qui l’on peut poser toutes les questions, qui va pouvoir rediriger vers les professionnels compétents et avec qui on va pouvoir chercher ensemble les solutions.
De nos jours, se dire comportementaliste devient très à la mode et ce métier n’est pas encadré par un diplôme légal. Quelle est ta propre interprétation de ce terme ?
Je me définis comme une psychologue pour chevaux et une interprète pour le cavalier. Pour moi le comportementaliste est celui qui est spécialisé dans toutes les facettes (psychologiques, physiques, émotionnelles, mode de vie, etc …) du comportement d’une espèce précise. C’est celui qui s’adapte à chaque cas et chaque situation. Je vois chaque cheval comme un individu à part entière. Même si je m’appuie sur des études, des méthodes, des schémas, des généralités et mon expérience passée pour travailler un cheval, j’aime avant tout l’écouter lui pour qui il est à cet instant T.
Où exerces-tu ?
De manière quotidienne et régulière, je me déplace dans un secteur de 40 min environ autour de Saint Priest Bramefant, entre Randan et Vichy. Je travaille également au sein de ma propre structure privé, l'Ecurie des Deux Ailes.
Pourquoi avoir choisi ce métier et cette branche ?
L’amour des chevaux avant tout. J’ai voulu partager autour de moi ce que les chevaux, et principalement ma propre jument, m’ont appris. Mon envie d’enseigner est venue de là. Je pense que ce fut d'abord dans une volonté d’aider uniquement les chevaux et de lutter contre le mal-être et l’injustice : si je parle de mon expérience et de mes erreurs, cela augmentera les chances que d’autres ne les reproduisent pas. Puis petit à petit j’ai compris que le côté humain avait une part bien plus grande que je ne l’imaginais dans ce métier. Désormais j’aime tout autant aider l’humain que le cheval ! Parce que pour moi tout est en lien, plus j’avance sur mon chemin et plus j’intègre la psychologie du cavalier et la résolution de ses propres traumas à ma pratique. Comprendre animaux et humains est une recherche magnifique et sans fin ...
Qu’est ce que tu préfères dans ton travail ?
Rencontrer de nouveaux chevaux et de nouvelles personnes ! Réfléchir à un nouveau problème. Chaque parcours et chaque vie m’enrichissent. Je ne m'ennuie jamais auprès des chevaux. Il y a toujours quelque chose à apprendre !
Si tu devais choisir un mentor, quel serait-il ?
Question difficile … J’ai commencé à mes 14 ans avec Andy Booth. J’avais acheté les DVD de la Cense de l’époque, et avec ce seul outil j’ai pu éduquer ma jeune pouliche en autonomie. Ensuite, arrivées à l'étape du débourrage, j’ai découvert les DVD de Philippe Karl puis son école. J’ai appliqué directement ses conseils et sa philosophie avec ma jument, toujours en autodidacte.
Plus tard, j’ai découvert le travail de Pierre Beaupère avec son premier DVD Equilibre et Rectitude. Sa philosophie de l’équitation m’a tout de suite énormément parlée. C’est un homme formidable, que je respecte profondément pour son parcours !
Et enfin pendant mon année de BPJEPS, j’ai découvert Karen Rolhf à travers sa plateforme de vidéos en ligne. Aujourd’hui, c’est de Karen que je me sens le plus proche. Elle combine à elle seule tous les concepts que j’apprécie ! C’est un peu la réunion de Philippe Karl et d'Andy Booth, version américaine.
Comment décrirais-tu ton rôle auprès des cavaliers ?
Je me vois comme celle qui vient créer du lien - intellectuel et/ou émotionnel - et du sens dans une situation. J’analyse et je corrèle les informations. Cela peut être simplement entre une douleur et un comportement, une posture/un observable et son interprétation émotionnelle, comme un mouvement de dressage et son effet physique et psychologique sur le cheval. J’analyse aussi les peurs des cavaliers et les aide à les comprendre. J’adore chercher le « pourquoi » de tout autour de moi ! Même si rapidement mon métier m’a appris avec humilité à dire « Je ne sais pas ».
J’aime réunir, vulgariser et repartager les informations, qu'elles soient techniques, factuelles, ou plus philosophiques et issues de mon parcours de vie. J’essaye de relier chacune de mes lectures ou découvertes aux précédentes pour former un tout cohérent dans ma tête et pouvoir l'appliquer ensuite. L’anatomie, la biomécanique, les neurosciences, l’éthologie, le parage, l’adaptation du filet et de la selle, l’alimentation, et même l’histoire de l’équitation … Pour moi tout est important et relié. Je ne suis pas experte dans toutes ces branches, et je ne souhaite pas le devenir, mais j’essaye d’avoir à minima les informations importantes pour pouvoir comprendre tous les facteurs quand je rencontre un cheval.
Selon toi, quelles sont les 5 qualités humaines principales qu’il faut pour exercer ce métier ?
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L’acceptation
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La patience
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Une profonde empathie
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Une envie de chercher et de comprendre
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Et encore et toujours de la remise en question positive
Que représente le succès pour toi ?
Apporter du changement là où l’on pensait que c'était impossible. Cela peut être à l’échelle d’un seul individu, d’une écurie entière voir même pourquoi pas d’une discipline ou de notre système équestre tout entier ! Et pour cela, j'essaye au quotidien de faire ma part du Colibri. (cf ce conte amérindien raconté par Pierre Rabhi)
Quels sont tes priorités quand tu travailles un cheval ?
Si je devais réaliser une pyramide de mes priorités, elle ressemblerait probablement à cela en général. Chaque étape doit être acquise ou bien avancée avant de passer à la suivante :
Lorsque je travaille un cheval je laisse « ma montre en dehors de la carrière ». J'ai à coeur de proposer des séances et non pas des cours à l'heure. Certains chevaux auront besoin de 45 min et d'autres de 2h30 ou plus. Je ne travaille d'ailleurs pas par exercices, mais plutôt par concepts. Je cherche à apprendre aux chevaux des notions généralisables à plusieurs exercices. L'exercice n'est qu'un outil externe pour me permettre de parler au mental interne du cheval Je cherche quelle est l'utilité physique ou mentale derrière un mouvement, plus que la simple exécution du mouvement en lui-même. Pour finir, la notion de calme est primordiale dans mes séances. Elle est le but et le moyen.
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Bien-être : Respect de ses besoins fondamentaux et absence de douleurs
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Compréhension du cheval : Tout faire pour que je puisse le comprendre et qu’à son tour il comprenne ce que j’essaye de lui communiquer
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Comportement & Relation : À cette étape je commence à régler les problèmes de comportements, de stress, trauma et j’améliore la relation à l’humain. C'est souvent l'étape la plus longue ...
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Éducation : À partir de là, je vais mettre en place des codes utiles pour que le cheval s’épanouisse dans sa vie domestique. Cela a souvent était commencé à l'étape 3.
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Dressage & Équitation : À cheval ! Maintenant on peut profiter ! Et réfléchir aux problèmes d'équilibres - un grand chapitre, mais qui doit venir en dernier.
Quels sont tes diplômes en lien avec les chevaux ?
J’ai obtenu mon BPJEPS mention équitation en 2018. Je l’ai passé aux Chevaux d’Edoras auprès de Alexandra Pontonnier. C’est ce diplôme qui me permet d’enseigner légalement en toute sécurité aujourd’hui.
J’ai également suivi le DU Bien-etre, Ethique et Droit du cheval en 2017-2018 mis en place par le Haras de la Cense et Paris Descartes. De cette expérience en est ressortie notamment une charte éthique que j’applique au quotidien dans ma pratique désormais !
En 2019, j’ai obtenu mon BFEE1 auprès de Andy Booth après une formation en distanciel d’un an et de 3 semaines en présentiel avec ma jument. J’ai aussi à cette occasion pu valider mon STEP1 et mes savoirs éthologiques 1, 2 et 3. Ce diplôme me permet de valider à mes cavaliers les savoirs 1 et 2 de la FFE.
Je suis également bitfitter initiée suite à ma formation auprès de Géraldine Vandevenne en 2019.
En 2023, j'ai terminé ma formation d'auditeur libre sous contrat auprès de Philippe Karl à Lyon.
Continues-tu de te former aujourd’hui ?
Évidemment ! Cela me paraît primordial, et je le ferai toute ma vie. Je participe en auditeur à des stages et des conférences tous les ans. En 2020, j’ai notamment assisté à un stage de 2 jours avec Walter Badet.
Depuis que j'ai fini en 2023 la partie sous contrat de la formation de l’École de Légèreté de Philippe Karl, je continue les stages dans d'autres domaines.
Je suis également une grande consommatrice de contenus numériques : j'assiste à énormément de webinaires, je m’inscris à des plateformes en ligne comme Blooming Riders, Le Projet Evolution, WeHorse, Dressage Naturally, le HorsemanClub, etc … Ce sont des sources inépuisables d’apprentissage pour moi.
Quelles autres formations non diplômantes ou expériences ont comptées dans ton parcours ?
Question difficile ! Faisons une petite liste, ce sera plus clair …
2009 : Je deviens propriétaire !
2012 : Je passe mon galop 7 !
2014 : La conférence de Gerd Heuschmann au Haras de la Cense
2014 : Séjour de 15 jours chez Lucie Maratrat, élève d'élève de Nuno Oliveira, dont l'équitation est fortement ancrée dans la tradition française
2015 : Je pars un semestre à Oklahoma et j'intègre l'équipe équestre universitaire
2016 : Umla et moi sommes en pension au Haras de la Cense
2016 : Je suis assistante vidéo de Pierre Beaupère sur sa Masterclass Transformations en Belgique
2017 Auditrice à la 4ème Journée en éthologie équine organisée par l'IFCE à Saumur
2017 : Premier stage avec Hélène Roche à l’association TAKH
2017 : DU Ethique, Bien-Etre et Droit du cheval
2017 : Entrée en BPJEPS aux Chevaux d'Edoras
Décembre 2017 : Stage d'initiation à l'alimentation équine avec Anne-Catherine Kaeffer de Techniques d'élevage
2018 : Auditrice aux Équiétudes à Chantilly avec notamment Gillian Higgins de Horse Inside Out
Mars 2018 : Stage aux Chevaux d'Arcand avec Sophie Daveau & Aurore Fougeray
Aout 2018 : Semaine de tournage chez Sophie Daveau & Aurore Fougeray
2018-2019 : Formation BFEE1 auprès d'Andy Booth
Novembre 2018 : Weekend Dos & Selle avec Annette Rancurel, organisé par l'Association pour le Développement des sciences Équines dont je fais partie
Avril 2019 : Stage de parage DAEP avec Aurélie Mattern et Sarah Gilles
Mai 2019 : Stage d’initiation au Bitfitting en Belgique avec Géraldine Vandevenne
Mai 2019 : Stage de posture sur cheval mécanique avec Véronique Passadori
Juin 2020 : Auditrice en stage avec Walter Badet près de Lyon
Septembre 2020 : Deuxième stage à l’association TAKH. Obtention d’un diplôme de participation !
Février 2021 : J'assiste à une dissection d'un cheval entier en livestream durant 3 jours !
Quelles études as-tu faites avant de t’engager professionnellement dans les chevaux ?
Après un BAC S, je suis devenue étudiante en cinéma. Je souhaitais devenir réalisatrice. L’histoire du cinéma me passionnait aussi énormément. Ces études m’ont notamment permis de partir aux États-Unis pour un semestre durant ma licence. J’ai été une « exchange student » dans l’Université d’Oklahoma, où j’ai pu réaliser un film mais également monter à cheval dans l’équipe universitaire. C’était incroyable de découvrir l’équitation dans un autre pays ! C’est au moment du Master à Paris que j’ai compris que cette voie du cinéma n’était pas faite pour moi. J’ai laissé tomber mon Master pour commencer un premier BPJEPS à Paris, très difficile pour moi, éthiquement comme physiquement. J’ai arrêté rapidement pour me rediriger vers un BPJEPS près de Grenoble, que j’ai obtenu en 2018.